Chute de l’empire romain d’Occident, début de la période que l’on appellera bien plus tard le Moyen Age.
Disparition des traditions militaires, de l’équipement et souvent de la discipline. Morcellement de la société en petites structures indépendantes, le commerce et les échanges se raréfient, les marchandises et matériaux ne circulent plus, les techniques et technologies se perdent petit à petit dans le déferlement des hordes barbares qui méprisent le plus souvent toute espèce de cuirasse.
L’organisation restait pourtant l’élément majeur et décisif de l’issue des batailles. Assemblés en troupes homogènes, les Francs de Clovis et ceux de Charles Martel témoignent d’une organisation solide et d’un art militaire efficace par leurs victoires décisives sur les Wisigoths et les Sarrasins.
De ces débuts du Moyen Age, il ne nous est parvenu que très peu d’éléments relatifs à l’équipement militaire.
La partie orientale de l’empire Romain, à l’abri des murailles de Constantinople du Bosphore à la mer de Marmara, conserve les traditions. Si nous en croyons les miniatures des manuscrits et les icônes, il s’y porte des cuirasses d’écailles, des casques en forme de bonnets phrygiens et des grands boucliers ronds ou ovales mais il convient de se méfier des interprétations artistiques.
La broigne semble être le plus ancien vêtement militaire dont nous avons la trace, mentionnée dans les capitulaires de Charlemagne.
C’est à l’origine une armure de torse, dépourvue de manches, confectionnée d’un support de cuir ou d’étoffe sur lequel sont juxtaposées des mailles en fer, rondes ou carrées, plus ou moins aciérées par cémentation et fixées par un rivet central.
Ces mailles pouvaient être superposées et imbriquées de façon à couvrir le rivet, ce qui rendait l’armure plus efficace mais plus lourde.
Un autre modèle de broigne dite " treillissée " était faite de cuir clouté.
Moins protectrice, mais plus simple et moins chère, elle équipait les moins fortunés des chefs de guerre.
Il existait parallèlement à ces deux types de broigne une troisième sorte appelée " broigne treslie ", constituée d’anneaux de fer entrelacés appelée aujourd’hui cotte de maille. Plus souple, plus légere, plus agréable à porter (quoique) mais beaucoup moins résistante. Egalement plus difficile à réaliser et donc plus chère, cette sorte de maille semble n’avoir au début équipé qu’une élite, puisque la broigne classique d’écaille n’équipait que les chefs.
La maille annelée et la broigne en maille pleine, sujets à controverses et polémiques ont pu exister sous divers aspects, (maille quasiguesnée, ou quasiguainée, maille cloutée, maille lacée, maille de haute clouure, de demi clouure, maille annelée juxtaposée, maille rustrée de forme ovale à moitié couverte par la maille suivante, maille maclée en forme de losange et imbriquées aux autres comme des tuiles …), nous n’entrerons pas dans le débat.
La broigne disparaissant progressivement depuis le début du XII ème siècle, subsistera sous diverses formes jusqu’au début du XIV ème siècle.La maille treslie perdurera jusqu’ à la moitié du XV ème siècle, n'étant plus utilisée que pour couvrir les parties du corps que l'armure ne protégeait pas ou mal, saignées de bras, aisselles etc.
Adjonction de manches courtes et allongement de la broigne jusqu’à couvrir les cuisses.
La broigne se complète d’une coiffe assortie, improprement appelée camail.
le camail n'est que la partie qui protège le cou, (mot utilisé également pour cette même partie du costume religieux, ou pour les plumes du cou des volatiles...) pour la cagoule complète, on parlera de coiffe de maille
Création du service militaire pour les propriétaires d’au moins 4 manses ( environ 50 hectares selon les régions) mais seuls les propriétaires d’au moins 12 manses devaient se présenter vêtus de la broigne. Celle ci bien que très onéreuse faisait l’objet d’ordonnances très sévères de Charlemagne qui en interdît la vente au delà des frontières. Seuls les hommes libres riches, gros propriétaires terriens possédaient un habillement militaire complet.
Au milieu du IX ème siècle, certains guerriers de Charles le Chauve portent la cuirasse de fer héritée des romains : le thorax nommé " lorica " lorsqu’il était en cuir.
Le casque est du type Cervelière conique à capeline et nasal, ou morion dit " carolingien " par opposition à celui qui apparaîtra très tardivement au XVI ème siècle.
L’allure générale du costume est très byzantine, théâtrale et probablement apocryphe.
Le Bouclier est rond , &autre modèle , ou en amande, bordé et renforcé de fer.
C’est aussi te temps des Vikings. Ils ne portent pas d’armure de maille, trop lourde et peu manœuvrante, mais du cuir et de la peau. Parfois de la broigne dite treillissée (voir plus haut) et rarement de casque (sauf au cinéma) Leur bouclier est rond et large, il rehausse le plat bord de leurs drakkars.
Le casque se simplifie, le casque rond et le morion capétien apparaissent.
Nous voici déjà à la moitié du Moyen Age, c’est la fin de ce que l’on nommera plus tard le haut Moyen Age, le temps des invasions des hordes barbares et des vikings est révolu, la civilisation s’est ré organisée elle va maintenant évoluer vers la féodalité. Le commerce reprend de l’importance et d’autres formes de conflits vont apparaître qui vont voir se modifier petit à petit l’équipement de la soldatesque. Le casque conique à nasal porté par dessus le camail se généralise.
1096 - 1099 première croisade. Prise de Jérusalem.
La lourde broigne tend à s’alléger au profit de la broigne treillissée, puis commence à disparaître lentement (jusqu’au XIV ème) pour laisser la place à l’ancienne cotte de maille " le haubert " qui revient en faveur avec les croisades. Ce vêtement de maille était alors appelé jazeran jusqu'à la fin du XIIIème siècle.
Réservé aux chevaliers, il se complète de chausses couvrant les pieds , les jambes et le ventre, et se porte par dessus un " gambison " de cuir, rembourré, qui amortit le poids, les frottements et les coups. Par dessus le haubert, se porte une cotte d’arme en étoffe, souvent richement décorée qui protège également contre l’échauffement au soleil.
Le casque s’arrondit pour donner la cervelière légère, tandis qu’apparaît un modèle de bataille, complété de " la visagière ". Ce casque, plus lourd, dit à masque , sera appelé heaume et deviendra petit à petit hémisphérique.
Au XII ème siècle, le heaume n’est donc encore qu’un casque augmenté d’une visière.
Le bouclier en amande très cintré commence parfois à se peindre de signes distinctifs, (par exemple la croix des chevaliers faisant partie d’un ordre croisé). C’est le tout début de l’héraldique naissante qui sera codifiée par la suite au cours de son évolution.
1147 - 1192 deuxième et troisième croisade.
Le haubert et la cotte d’arme se généralisent, sans grand changement durant tout le XIIIème siècle.
Le casque se complète d’une plaque sur la nuque, qui très tôt sera reliée à la visagière, puis il s’aplatit formant ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui le heaume classique.
La terminologie gardera l’appellation de heaume comme terme générique pour désigner à peu près toute sorte de casque lorsque ceux ci ne seront pas expressément désignés.
1202 - 1229 quatrième cinquième et Sixième croisade.
Le bouclier diminue et sa longueur atteint rarement le mètre.
1248 - 1254 septième croisade.
Apparition des ailettes sur les épaules, plaques de fer maintenue par des courroies sous les aisselles et s’appuyant sur les joues du casque pour former un plan incliné. Elles servaient à parer les coups glissant du heaume vers les épaules et fracturant les clavicules.
Des plaques de renfort dites " plates " en cuir, fer ou laiton furent cousues sur la maille, d’abord sur les tibias (grèves) et les genoux (genouillères), puis sur les coudes (cubitières).
Apparition de la rondelle de lance pour la joute
Le heaume se diversifie , &autre exemple , &autre exemple , devenant conique , puis arrondi.
Naissance de l’écu : le perfectionnement des plates permettent d’alléger le bouclier et de l’amener à sa forme triangulaire d’environ 60 x 60 cm. Il devient L’écu. les armoiries y sont peintes de manière très visible jusqu’au début du XV ème siècle. Il donnera son nom à la monnaie sur laquelle il figurera à partir de Louis IX.
1270 huitième et dernière croisade. Mort de Saint Louis.
Apparition des premiers renforts de " plaques " aciérées façonnés sur les épaules, les spallières et de la défense complète des bras " en tuyau ".
Apparition également des premières protections de poitrine par des plaques courbées plus ou moins nombreuses, recouvertes de tissus (cotte à plates et cuirassine, dont l’aboutissement sera la brigantine à partir de 1360).
Le heaume, bien que se perfectionnant se voit concurrencé par les premiers bacinets à visières bulbeuses et en trompes.
Vers 1326, apparition des premiers canons.
1346, à Crécy, première grande bataille de la guerre de cent ans.
L’écu diminue encore, mais devient plus long que large.
Apparition de la poitrine d’acier avec ses chaînes (de une à quatre) retenant la dague, l’épée, l’écu et le heaume ; bras et jambes sont complètement enfermés.
Apparition du soleret en lames articulées.
Le heaume classique perdure, malgré la nette progression du bacinet à camail et à bretèche qui se généralise.
Apparition également du bacinet dit à mézail, du chapel de fer, et de la salade qui est en fait à l’origine un chapel de fer dont les bords sont très rabattus vers le bas, et dont une vue est percée sur le devant lorsque c’est nécessaire.
L’écu se dote de deux côtés parallèles et verticaux sur le quart de sa hauteur, pour bien reproduire le chef rectangulaire, (pièce honorable en héraldique).
Apparition de l’arrêt de cuirasse servant à soutenir la lance pointée.
Première apparition du " harnois blanc " complet. Par opposition au " harnois peint " des époques précédentes.
Les hommes d’armes et fantassins, quant à eux remplacent la cotte d’arme par le hoqueton de peau ou d’étoffe plus court.
La dernière génération de heaume apparaît, dont celui dit " à tête de crapaud " tandis que le bacinet à visière se développe et qu’apparaît la barbute.
Typiquement d'origine italienne, (la barbuta) dites aussi salades à l'italienne ou à la française, ces modèles sont quelquefois appelés "armets vénitiens" par certains auteurs. C'est essentiellement autour des salades et des barbutes que la terminologie est la plus âprement discutée. Nous considérons que la barbute se différencie de la salade par des "joues" très enveloppantes, un couvre-nuque peu accentué et souvent un petit nasal (rarement au delà de 1450). Lorsqu'un casque tient un peu des deux catégories, il conviendra de parler de barbute-salade, ou de salade -barbute selon qu'il tient sa caractéristique principale de l'une ou de l'autre.
L’écu s’incurve davantage verticalement. Il se diversifie, devient parfois concave avec la pointe projetée sur l’avant, tandis qu’apparaît une échancrure sur le canton dextre pour permettre de pointer le bois de la lance. Il devient la targe. Parfois même, celle ci est marquée par une nervure centrale.
Apparition de la braconnière constituée par l'ensemble des lames articulées protégeant le bassin et fixées au bas de la cuirasse.
La pointe du soleret commence à s’allonger.
Apparition du bacinet dit à " museau de chien " , du chapel de fer à nasal en Allemagne et développement de la barbute sur le type de casque des hoplites grecs.
Apparition des tassettes. Ce sont les pièces mobiles attachées sur le deuxième et troisième rang de la braconnière, protégeant le défaut de l'armure entre le bassin et le haut des cuisses.
Apparition du grand bacinet, abandon totale du heaume de guerre
Les fantassins adoptent la pansière ou plastron de fer, portée sur le gambison, et complétée; parfois d’un colletin et de pièces d’épaule selon sa fortune.
Diversification, du grand bacinet , &autre modèle , développement et diversification de la salade et de la barbute qui cohabiteront durant tout le XV ème siècle, avec un net avantage pour la salade qui perdurera et concurrencera l’armet jusqu’au XVI ème siècle.
Développement des armures à corselet et à braconnière en lames. La brigantine richement armoriée est toujours portée par les grands personnages. Les rondelles de plastron protégeant les aisselles se généralisent.
Le grand bacinet se perfectionne et laisse entrevoir ce que sera l’armet.
1415 Bataille d´Azincourt
Les cannelures apparaissent sur les ailerons des cubitières et des genouillères . La cubitière commence à s’agrandir.
La pointe du soleret s’allonge, il est dit " à la poulaine ". . Cet appendice, souvent amovible et porté uniquement à cheval s’est vu gratifier de nombreuses supputations. D’aucuns ont prétendu que cela constituait une arme… Ce qui paraît aberrant pour la cheville, tandis que d’autres ont avancé que cela aurait pu servir à ne pas perdre les étriers... Ce qui est moins farfelu mais peu en rapport avec l’art équestre du temps. En fait, la poulaine héritée du costume civil sera à la mode jusqu’aux environs de 1480, après quoi elle aura tendance à disparaître.
La barbute et la salade sont en plein essor, tandis que l’on assiste à la première apparition du bicoquet et de l’armet à vervelles. Il s’agit en fait d’une transition entre le grand bacinet et l’armet véritable qui se rétrécit au niveau du cou pour mieux épouser l’anatomie. Comme l’armet du premier type qui apparaîtra vers 1500, il était pourvu de charnières latérales. Il s’ouvrait donc en deux parties au niveau des joues afin de pouvoir y introduire la tête.
L’écu est abandonné, il ne sera plus porté que dans les tournois. Dans les joutes, la targe est bien sûr toujours en vigueur.
Les spallières deviennent plus enveloppantes.
Disparition des derniers grands bacinets , &autre modèle
Armures : l’armure complète atteint la perfection. Elle est alors très répandue et se fabrique désormais de façon " industrielle ". Certaines villes d’Europe acquièrent une grande notoriété dans ce domaine.
Le bicoquet et l’armet à vervelles puis à gorge se développent et entrent en concurrence avec la salade , &autre modèle , &autre modèle qui se diversifie.
1453 fin du Moyen Age.
La mode est aux tassettes courtes lamellées et apparition de garde bras démesurés surtout en Angleterre
Apparition du pistolet à mèche et de la haquebute appelée aussi arquebuse à croc.
les cannelures se généralisent et se multiplient, surtout en Allemagne ; l’Italie et l’Allemagne fournissent les plus beau spécimens, dits " gothiques ".
La salade devient élégante et tend à se généraliser. Elle connaît son ultime développement vers le type salade armet
Apparition de l’armure de transition " ronde " , puis " maximilienne " à cannelures serrées et à grèves lisses caractéristiques.
Disparition du soleret pointu pour des formes plus élargies en bec de canne ou à pied d’ours.
Apparition massive du miton en forme de moufle.
Apparition de l’armet dit " du premier type ".
Apparition des armures à costume, rehaussées de fines ciselures.
Apparition également de l’armure à tonne, pour le combat à pied.
Apparition du morion qui supplantera tous les autres types de casques du XVI ème siècle.
Apparition de la protection totale de la saignée par lamelles articulées.
La demi armure tend à se généraliser par la suppression des grèves et des solerets au profit des bottes.
Fondation de l’armurerie de Greenwich.
L’armet se perfectionne pour devenir celui qui sera dit " du second type ".
Abandon de l’armure cannelée en Italie, mais celle ci sera toujours en vigueur en Allemagne jusqu’en 1520.
Développement des armes à feu de poing, avec la platine à rouet.
Apparition du busc accentué du plastron, formant " bréchet " ou " poitrine d’oie ".
Réapparition du gantelet à doigts articulés pour le tir au pistolet ; le miton restera cependant en usage.
Apparition des armures noircies ou bleuies au feu et des armures italiennes à l’antique.
Apparition de la bourguignotte en concurrence avec les armets du premier et second type.
Disparition de l’armure cannelée en Allemagne.
Le morion se développe.
Le busc du plastron s’allonge en " cosse de pois ".
Apparition de la cuirasse à tassettes formant cuissards.
Le busc s’allonge en " panse d’oie " et en bosse de polichinelle à l’imitation du pourpoint " à la polonaise ".
Apparition des armures élisabéthaines de Greenwich.
Apparition des tassettes arrondies sur les hanches et des tassettes articulées jusqu’au genoux, dites " à l’écrevisse ". Disparition quasi totale des cuissards.
Le décor des armures se perfectionne, le repoussé et le damasquinage atteignent la perfection en Italie.
Le morion cabasset fait son apparition.
Disparition des armures italiennes à l’antique.
Le développement de l’artillerie verra progressivement la fin des armures dont on ne portera plus que les pièces essentielles, dont la cuirasse qui se verra considérablement renforcée (armures de siège). Seuls les grands personnages et notamment les princes continueront quelque temps à se faire fabriquer des armures qui ne seront plus alors que des objets de prestige et d’apparat , symbole fastueux de leur puissance. Pour finir, il n’en restera plus que le casque et la cuirasse qui équipera les cuirassiers jusqu’à la dernière guerre. Aujourd’hui, seul quelques corps de prestige comme la garde républicaine perpétuent cette tradition.
Apparition des méthodes mécaniques de gravure et de repoussé. De larges médaillons ovales décorent les armures milanaises.
En conclusion,
Il n'était pas possible de résumer plus de 1000 ans d'équipement guerrier sans faire parfois quelques généralités. Des liens hypertexte renvoient autant que faire se peut à des détails qui auraient allongé le propos inutilement.
Dans la mesure du possible, je ne prends pas parti dans les querelles d'expert sur certains points de détail controversés, me contentant de les mentionner ou d'expliquer mon choix.
Si vous avez des remarques ou compléments d'information utiles et avérés sur le sujet, n'hésitez pas à m'en faire part.
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